PORTRAIT
Jean-LUC HOARAU

Rappel de géographie :

L’Ile de la Réunion se situe dans l’océan indien à 800km à l’Est de Madagascar. Elle jouit d’un climat tropical à tendance tempéré.

Un massif montagneux, culminant à plus de 3000m, coupe l’île en 2 parties :

  • La côte Est ou la “côte au vent” reçoit les alizés et les nuages : elle est donc plus arrosée.
  • La côte Ouest ou “la côte sous le vent” est protégée. Elle est plus sèche et aride.

Tout cela contribue à définir autant de micro climats que de zones géographiques.

Mon installation :

J’habite à Saint Benoît sur la côte Est.

J’ai construit une pièce de 25m² environ. J’ai essayé de profiter au maximum de la ventilation naturelle car il fait très chaud et humide en été. Une isolation au plafond limite la dispersion de la chaleur de la toiture en tôle ondulée. J’ai :

  • 8 boxes d’élevage de 120cm x 40cm x 40cm.
  • Deux boxes de 60x40x40cm.
  • Deux volières de 200cm x 160cm x 200cm sont placées face aux box.

L’alimentation se compose Nutribird B14 et B18, d’un mélange de graines pour perruches, de pâtée et de fruits (pomme) et légumes (carotte).

L’eau de boisson est changée tous les jours.

J’utilise les produits de la gamme ORLUX tout au long de l’année en suivant les recommandations fournies par le fabriquant.

Avant d’élever des perruches ondulées, j’ai eu des Euphèmes et des grandes perruches. Je recherchais de plus en plus un autre intérêt : le travail sur la génétique par exemple. Il y avait les inséparables et les ondulées qui offraient une large panoplie de mutations. J’ai opté pour l’espèce la moins bruyante.

Ce calendrier va vous donner une approche d’une année d’élevage. Les données mensuelles sont à titre indicatif et fluctuent au gré des conditions climatiques et surtout… du bon vouloir de mes chères amies.

Janvier : Ouf ! Une nouvelle année commence avec son lot d’espérance et de surprises.

Une nouvelle année d’élevage s’annonce également. Dès maintenant, je dois commencer à y réfléchir. Mais laissons passer quelques jours, temps nécessaire à une remise en forme bénéfique après les fêtes.

Mi janvier, l’heure est venue maintenant de regarder d’un peu plus près les oiseaux. A la fin de la dernière saison, j’ai effectué un tri selon 3 critères : à garder, à observer et à céder.

Je termine par conséquent ma sélection en inspectant les oiseaux “à observer”.

Ceci fait, je commence la phase de préparation à l’élevage.

Avant d’aller plus loin, je dois penser au concours du mois de juin, si concours il y a cette année… Je vais devoir garder des oiseaux sous le coude en vue de cette manifestation.

Les oiseaux de travail subissent une préparation de 6 semaines (vit E + apport de minéraux, mélangés avec la pâtée). La vitamine E est apportée essentiellement sous la forme de l’huile de germes de blé que je trouve dans les parapharmacies.

Les autres perruches seront cédées ou échangées.

Février : La préparation va bon train. C’est le moment pour moi de former sur papier mes couples selon les objectifs fixés. En fait, mon seul but pour l’instant est de continuer ma souche de base et d’améliorer la qualité de la plume. Je suis, pour cela, les précieux conseils de Robert ADAM sur l’étude de la plume et les règles à respecter. C’est un travail qui demande beaucoup de rigueur.

Toute la difficulté est de me procurer des oiseaux qui me permettent d’avancer dans ce chemin. En métropole, il vous est plus facile de trouver tel ou tel type d’oiseau. Ici, je dois composer avec ceux que je trouve parfois dans les animaleries (avec le lot de déceptions qui va avec) et ceux que je peux  me faire envoyer ou ramener par des amis.

Mais les éleveurs métropolitains ne cèdent pas facilement de bons oiseaux de travail (ce qui est normal) et profitent parfois de la distance. Je pense quand même avoir eu de la chance jusqu’à présent.

Mars : Ca y est les choses sérieuses commencent ! Aujourd’hui, 1er mars, je forme mes couples.

Chaque femelle, en condition, est mise dans un box, un mâle viendra la rejoindre rapidement. Ces couples sont observés pendant la période de fiançailles. Généralement 40% s’entendent d’entrée, les autres sont défaits et recomposés.

Dans 2 à 3 semaines, si tout va bien, les nids seront mis. En fait, je regarde le calendrier avant de les mettre. Je tiens compte de la Lune. A savoir que je fais le maximum pour que les naissances se produisent “lune montante”. J’ai remarqué que le pourcentage d’œufs fécondés non éclos est plus faible en procédant de cette façon.

J’attends le mois de mars car l’été austral se termine et il fait moins chaud. Ainsi, les femelles pourront rester au nid sans problème. Et puis, c’est aussi la fin de la saison cyclonique.

Avril : Bientôt, les premières naissances. Je guette les œufs, peut être un peu trop. Mais mes femelles se sont habituées à ce débordement d’émotion !

Je mire les œufs à J10 et J16 ce qui me permet d’avoir une bonne idée du développement des oisillons. Je laisse les œufs sous la mère même si leur nombre dépasse 6. Par contre, cette femelle ne fera qu’une nichée. Est-ce bien ou mal ? J’attends l’avis des plus anciens.

En avril, je commence également à préparer les oiseaux qui doivent participer au concours régional. A cette période de l’année, nous ne sommes pas toujours certains de la faisabilité dudit concours. C’est une particularité locale, tout se décide dans le dernier mois (surtout au niveau des aides publiques). Cette mise en condition se résume à sortir les oiseaux de la volière et à les placer dans des box de plus en plus petit jusqu’à arriver à la cage de concours.

Les oiseaux qui n’ont pas été accouplés commencent la mue. Seront-ils prêts pour le concours ? … Second dilemme à résoudre.

Mai : Les perruchons se sont bien développés. D’autres sont morts. C’est le lot de tout éleveur. C’est le moment de découvrir leur couleur, d’imaginer leur potentiel.

Les femelles ont commencé leur deuxième couvée. Ce sera leur dernière pour cette saison. Je limite volontairement le nombre de couvée pour 2 raisons essentielles : les femelles sont moins fatiguées et  je ne me retrouve pas avec un trop grand lot d’oiseaux à céder. Il est vrai qu’il y a un revers à la médaille : je limite mes chances d’avoir un oiseau exceptionnel.

Juin : L’événement marquant de ce mois, début de l’hiver austral, est le concours régional ; grande messe de l’ornithologie que je n’affectionne pas vraiment. Il y a toujours des querelles de clocher, des ragots (“la di la fé” en créole). Ce concours demeure la seule manifestation de l’année.

Parfois nous avons droit à deux concours presque en même temps, il faut alors faire un choix.

Les oiseaux sont déposés le dimanche. Le jugement se fait du lundi au mercredi. En moyenne, nous avons 1200 oiseaux composés de 60% de canaris, de 20% d’exotiques bec droit et de 20% de becs crochus et autres. Là-dedans, nous avons environ une trentaine de perruches dites de “standards”.

Du jeudi au dimanche, l’exposition est ouverte au public et aux scolaires.

Ce qui est dommage, c’est que bien souvent, les juges ne sont pas mis à contribution pour animer des réunions techniques. Lorsqu’elles se font, elles restent très générales.

En 2003, nous avons eu la chance de côtoyer 2 juges éleveurs d’ondulées. Ces 2 personnes m’ont fait prendre conscience de ma mauvaise route et m’ont fait découvrir la mutation de plumes mais surtout leur importance pour progresser. Un grand merci leur est adressé aujourd’hui.

La semaine de manifestation est enfin terminée, les oiseaux sont fatigués. Ils ont droit au repos : cette année, pas de reproduction pour eux.

Normalement, la mue est terminée.

Juillet : Juillet annonce presque la fin de la saison. Les derniers couples terminent tranquillement leur nichée. Les jeunes sont mis au sevrage dans un box de 160cmx40cmx40cm. Je peux ainsi les surveiller. Le fait qu’ils soient en groupe dans un lieu restreint les rassure. Au sortir de cette cage, ils seront triés et contrôlés (vérification de la bonne transcription des données les concernant).

Les oiseaux adultes ayant déjà reproduit commencent une phase de maintenance qui a pour but de les remettre en conditions (alimentation enrichie pour les aider à passer ce cap post-reproduction).

Par contre, ceux qui n’étaient pas prêts en mars le sont maintenant. Le travail démarre donc pour ces retardataires. Ces oiseaux seront en couples jusqu’au mois de novembre.

Je n’ai pas noté de périodes plus propices pour la reproduction et il ne me semble pas qu’il y ait une période où les résultats sont meilleurs. Je me suis rendu compte que certaines femelles étaient prêtes à l’automne et d’autres au printemps. Entre les deux possibilités, il y a une mue.

Mais si je me cale sur la Métropole, il serait préférable de commencer en juillet pendant l’hiver austral. Je pense essayer cette variante en 2007.

Août : Les boxes vides sont nettoyés et désinfectés.

Les jeunes sevrés sont mis en volière. C’est là que je fais mon premier tri.

Les couples en reproduction continuent tranquillement leur affaire.

Dernier trimestre : les oiseaux vont commencer une mue avant l’arrivée de l’été. Il faudra affronter de nouveau cette chaleur moite et les dépressions tropicales. Les fortes pluies associées me donnent quelques fois des soucis. L’eau de boisson devient de mauvaise qualité car elle est chargée en boue et en bactéries

Je ne donne que de l’eau filtrée tout au long de l’année. Mais en cette période, les oiseaux ont quelques fois des troubles digestifs (diarrhées). J’ajoute pendant 3 à 4 jours de l’ultra levure à leur eau et les choses rentrent généralement dans l’ordre.

Ces troubles peuvent se produire à plusieurs reprises entravant le bon déroulement de la saison.

J’ai essayé, en toute simplicité, de vous exposer une année d’élevage. Il me reste encore beaucoup de choses à maîtriser :

  • Comment améliorer le score de réussite lors des accouplements ?
  • Comment mieux choisir mes reproducteurs ?
  • Sur quels critères, dois-je trier efficacement mes oiseaux ? …

La revue de l’A.F.O. apporte beaucoup de réponses à mes doutes et interrogations… mais hélas, il en reste encore beaucoup !

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