Je souhaite apporter ma modeste contribution à l’article sur l’alimentation de Guillaume et Michaëlla DUPENT.
Comme eux, depuis que je suis éleveur, j’essaie dans la mesure du possible, d’amener à mes oiseaux une alimentation de qualité. Afin de mieux contrôler celle-ci, je me suis lancé dans l’étude des mélanges vendus dans les commerces pour finir par les fabriquer moi-même.
J’ai également étudié les différentes pâtées d’élevage pour finir par composer ma propre mixture (pâtée du commerce enrichie de semoule et de composition minérale et vitaminée).
Mais voilà, au bout de quelques années, je déménage pour revenir dans mon île natale de La RÉUNION. Ici, le choix des graines est restreint, la fraîcheur n’est pas toujours au rendez-vous et lorsque tout cela est maîtrisé, le prix de vente devient un facteur limitant.
J’ai dû tout repenser et je suis revenu au mélange traditionnel en l’enrichissant d’alpiste en période de reproduction. Ma pâtée d’élevage a été, elle aussi, quelque peu modifiée.
Il y a 3 ans, notre importateur de graines m’a proposé de tester les granulés NUTRIBIRD B14 et B18 de VERSELE-LAGA. Je n’avais aucun état d’âme quant à leur utilisation car mes chiens mangeaient déjà des croquettes.
La nouveauté était surtout que le fournisseur avait modifié le conditionnement de ses produits. On les trouvait maintenant en boîte de 4x1kg au lieu des gros sacs de 15kg. Dans la région où je réside, il pleut souvent et par expérience ce genre d’aliments absorbe vite l’humidité ambiante et moisit.
Après l’étude de leur composition et ayant visité un grand nombre de sites traitant ce thème, je me décidai à tester ce produit.
J’ai commencé le programme de sevrage des graines en juin 2003 (méthode des quarts). Il a duré donc 4 semaines. La saison d’élevage s’étend de mars à septembre ce qui correspond à l’hiver austral. En été, il fait trop chaud et les femelles ne restent pas au nid. Pourquoi ai-je choisi le milieu de la saison d’élevage ? Tout simplement, pour que les jeunes s’habituent rapidement aux pellets.
J’ai perdu 6 oiseaux, pour la plupart des vieux, qui n’avaient pas accepté ce nouveau type de nourriture. J’ai continué à donner de la pâtée, des fruits et des légumes sans jamais dépasser la valeur théorique de 25% de l’apport journalier.
Au cours de cette année et de celle qui suivit, je n’ai pas eu de reproduction. Mes oiseaux étaient pourtant en excellente condition : ni trop maigres, ni trop gras.
Je décidai d’attendre une année supplémentaire.
En 2005, j’ai accouplé pratiquement tous mes oiseaux. Et, j’ai pu enfin observer les premiers bénéfices du passage aux granulés. Les résultats furent assez intéressants :
· il y avait en moyenne 5 œufs par nichée,
· 86% des œufs pondus étaient fécondés,
· 100% de ces œufs sont arrivés à terme et ont donné naissance à un petit.
Les choses se sont compliquées par la suite. Au moment du sevrage, j’ai perdu 25% des jeunes. Que s’est- il passé ?
Ils étaient bien nourris par leurs parents (ration journalière de B18, de pâtée et d’avoine). Lors du sevrage proprement dit, ils étaient en forme et en 15 jours certains ont perdu beaucoup de poids.
Je pense que la nourriture que je leur proposais à cette période charnière n’a pas été suffisamment riche. En plus du stress, il y a eu « une carence ». J’ai tablé sur les granulés en délaissant quelque peu la pâtée et l’avoine. Je voulais leur donner le meilleur …
Pour l’avenir, je donnerai davantage de pâtée enrichie.
Une autre piste de réflexion est le manque d’eau : les oiseaux boivent beaucoup plus avec ce type d’aliments. Peut-être que les jeunes n’ont pas su ou pu boire davantage ?
Je commence ma saison 2006 d’ici quelques jours. Contrairement à l’année dernière, les oiseaux semblent être en meilleure condition. La suite sera analysée au fur et à mesure que j’avancerai dans la saison.
Au sein de notre association, nous sommes quatre à avoir choisi ce type de nourriture. Concrètement, elle est plus chère à l’achat (3 fois le prix des graines au kg) mais il y a beaucoup moins de gaspillage et de saletés au fond des cages. L’un dans l’autre, on s’y retrouve.
Pour conclure
Les pellets présentent de gros avantages :
· leur composition est satisfaisante et complète
· leur taille et leur forme sont adaptées au type d’oiseau.
· le prix d’achat est compensé par la quasi-absence de gaspillage
Ils ont quelques points négatifs :
· la taille des fientes …
· c’est une nourriture trop sèche pour les jeunes qui ne boivent pas beaucoup…
Ce n’est peut être pas encore la panacée mais à mes yeux, nous sommes proches d’un certain idéal. Chacun est en droit de se poser la question sur l’éthique même de ce type de nourriture qui est loin de l’alimentation naturelle (graines, fruits, etc.) des oiseaux.
J’ai fait un choix… qui est plutôt un compromis.
Jean-Luc HOARAU