Culture du Millet

PREPARATION DU SOL :

Labourer le sol sur 20cm environ, en incorporant soit du fumier très décomposé, soit de la tourbe si le sol est sableux ou pauvre. Un apport d’engrais est possible, bien que la plante ne soit pas très gourmande. Cette fumure minérale doit être bien pourvue en phosphate et en potassium pour favoriser la grandeur des grappes (engrais type 10-15-15 : le premier chiffre est le % d’azote, le second est celui du phosphore, le troisième celui de la potasse, plus ces chiffres sont grands moins on met d’engrais ; consultez un livre de jardinage).

Attention, trop d’azote (donc de fumier) va provoquer une tige très longue qui ne tiendra pas verticale (on dit qu’elle verse). Mais les grappes sont plus grandes.

Le sol doit être souple pour tracer les sillons avant le semis.

DISTANCES DE SEMIS :

La culture en double-rangs espacés de 20cm avec un interligne de 1m de large est la plus efficace. Nota : sur la photo, c’est en rang simple. 1m entre les doubles rangs permet de pouvoir passer entre les lignes lors de la récolte.

Outre d’augmenter le rendement et faciliter la culture, un semis en double-rangs permet une meilleure stabilité des plantes.

Tracez des sillons profonds de 10 cm au moins car les plantes vont être buttées.

LA SEMENCE :

La semence est prélevée sur une grappe de grande taille, en retirant le tiers supérieur qui n’offre pas de grosses graines. Emiettez les épillets, et soufflez pour n’avoir que les grains (on dit vanner). Semez très clair, avec une boite-semoir ou en mélangeant du sable sec. Notez que vous sèmerez toujours trop serré, un éclaircissage sera donc fait à la troisième feuille. (Voir plus loin)

MILLET BLANC OU MILLET ROUGE ?

Je trouve que le rouge est plus petit que l’autre, mais je n l’ai pas semé souvent, le blanc convenant bien pour le faire pousser et pour le faire manger…

LA LEVEE :

Pour faciliter la levée, il faut de la chaleur (donc semer après le 15 mai est mieux). Paillez avec du journal mouillé qui sera butté pour ne pas qu’il s’envole, et arrosé tous les jours pendant une semaine (durée moyenne de la levée). En zone venteuse, un paillage plastique transparent est aussi possible, on le retire dès que les plantes sortent. Comme elles sont au fond du sillon, elles ont la place pour grandir un peu avant de toucher le plastique.

Si vous ne voulez pas pailler, ne semez pas tant qu’il fait froid, les mauvaises herbes prendraient le dessus.

Un conseil à ceux qui sont envahis d’herbes folles, faites la technique du faux semis : vous travaillez le sol un mois avant de semer, vous pouvez pailler avec un plastique transparent posé sur le sol pour le chauffer et lorsque le jour du vrai semis sera venu, vous passez un coup de griffe ou de motoculteur pour enfouir les sauvages et laisser une zone propre. Tracer les sillons pour votre millet.

ECLAIRCISSAGE :

Quand les plantules ont une quinzaine de centimètres, environ trois feuilles, il faut enlever les excédentaires, c’est l ‘éclaircissage. Laissez une plante tous les 10cm (une largeur de main) en essayant de répartir en quinconce les plantes des deux lignes parallèles. N’hésitez pas à arracher les pieds en surnombre, car les plantes serrées donnent des petites grappes avec des petites graines, surtout pour le rouge. Gardez les plantes les plus avancées et les plus fortes.

BUTTAGE :

Les sillons du semis seront progressivement rebouchés au fur et à mesure de la pousse des plantes. Elles ont une meilleure stabilité, un enracinement plus important qui donne des grappes plus grandes et les mauvaises herbes (encore elles) sont ainsi dérangées et freinées dans leur envahissement. Un sillon de chaque côté du double rang sera fait en fin de buttage, pour l’arrosage à la raie. Evitez l’arrosage au jet, pas assez d’eau seule la surface de la terre est mouillée, ce qui nourrit les adventices (autre nom des mauvaises herbes), on peut installer un goutte à goutte avec un goutteur tous les 20 cm maximum, mais c’est un peu cher à l’installation… mais elle va resservir 10 ans !

TUTEURAGE :

Comme les tiges vont mesurer plus d’un mètre, il est conseillé de prévoir un tuteurage, formé de piquets plantés au milieu des deux raies tous les mètres et jusque 2 m entre eux s’il n’y a pas trop souvent de vent chez vous.

Sur ces pieux passeront deux paires de fils horizontaux (ficelle). Espacez à 0,5m du sol et à 1m ces cordeaux tendus de chaque côté des tiges.

ARROSAGE :

Dans les régions où, « s’il ne pleut pas, c’est qu’il va pleuvoir ! », les nuages suffiront à faire pousser les plantes. Ailleurs, les sillons serviront de canal d’arrosage. Le goutte à goutte permet d’économiser de l’eau. C’est une plante qui aime le soleil en ayant les pieds humides pour avoir des grappes allongées.

RECOLTE :

Le ramassage se fait progressivement sur deux à trois semaines selon le climat.

Lorsque les grappes présentent quelques grains qui jaunissent, on peut récolter en vert pour un nourrissage des petits (grappes en lait). On utilise un sécateur ou un couteau car les tiges sont difficiles à casser. On peut aussi attendre une maturation plus avancée, il y a de plus en plus de grains clairs sur la grappe. A terme, la grappe pourra être séchée, en la suspendant sous un abri aéré.

La tige produit des mini-épis, après la récolte si on la laisse en place ces « millettes » (vous avez vu le joli mot) seront données vertes aux oiseaux. Le risque à la récolte, ce sont les moineaux qui sont friands de millet et égrènent intégralement sur pied, les grappes. Des cd rom usagés suspendus par des fils de nylon de 30 cm à un poteau incliné seront de bons épouvantails, mais à la longue les friquets s’habituent. Il faut les changer de place et de hauteur.

CONSERVATION :

La congélation est possible, en plaçant les épis sur une grille sans les serrer ni les empiler pour congeler rapidement. C’est un gage de qualité de conservation. Ils seront servis aux oiseaux après une rapide décongélation, en hiver et printemps principalement pour les grappes en vert. Certains ne décongèlent pas les grappes et les servent telles que. Les oiseaux savent patienter si ce n’est pas leur seule nourriture.

MALADIES du millet :

Les punaises vertes sont des parasites fréquents, il faut donc traiter avec un insecticide non toxique utilisé en agriculture biologique : la roténone. Le traitement doit être fait quand il y a plus de quatre punaises pour dix grappes contrôlées et si la plantation est conséquente. Dans le cas modeste, on s’arme de patience et récolte les bestioles pour les noyer dans une eau alcoolisée ou autre « punaisotoxique » de votre cru. A Rouen, on les brûle ! (Ouaf).

Les autres parasites, comme les pucerons, sont exterminés à la roténone ou par un lâcher de coccinelles qui acceptent de rester sur le millet car elles ne sont pas à l’aise sur ce type de végétal (Et oui, il existe plusieurs sortes de coccinelles qui ont chacune leur strate végétale, gazon, arbustes, arbres).

Mais je vous rappelle que le problème majeur, ce sont les moineaux, qui auront vite fait de repérer les meilleures grappes et de les peler sans vergogne. Engagez un chat « ornithophobe » mais « moineaufriquettophile » ou s’il est « perruchiphage » et… surveillez vos volières !

Hervé et Jocelyne GROS-LELIEVRE

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